L’annonce d’une simple interview, suivie d’une descente de police brutale et de journalistes conduits manu militari au poste… Il faut se rendre à l’évidence : nous sommes plus proches d’un régime d’autoritarisme décomplexé que d’une démocratie digne de ce nom. Les interpellations récentes de Babacar Fall (RFM) et de Maimouna Ndour Faye (7Tv), couronnées par la coupure arbitraire du signal de leurs antennes respectives, ne sont pas de simples bavures. Elles sont une tache indélébile sur le bilan d’un pouvoir qui croyait pouvoir faire table rase du passé.
Face aux médias, et disons-le sans détour, face à ceux qui lui sont le plus frontalement hostiles, le gouvernement affiche une nervosité alarmante. Il aurait tout intérêt à faire preuve d’une sérénité inébranlable, car chaque action répressive se mue instantanément en une polémique stérile et contre-productive. Cette stratégie, loin de rétablir l’ordre, ne fait qu’alimenter la culture de victimisation de ces médias. Des médias qui, pour la plupart, sont effectivement devenus de véritables officines d’opposition camouflées.
L’État est impardonnable aux yeux de certains pour avoir osé mettre un terme à leurs privilèges indus. C’est de là que sourdent l’aigreur et la haine non dissimulée qui transpirent, par exemple, des sorties médiatiques de Mamadou Ibra Kane. Ce monsieur n’est plus, comme il tente désespérément de le faire croire, un syndicaliste anodin défendant une corporation en péril. Il s’est mué en un opposant de fait au Pastef, dont le masque tombe à chaque accès de colère. L’activisme a pris le pas sur le journalisme.
De même, 7tv, Sentv, et à un degré moindre le groupe TFM, ne trompent plus personne quant à leurs véritables intentions. L’objectivité a cédé le pas à une opposition radicale et militante au gouvernement. La preuve en est : des personnalités autrefois bannies et infréquentables sur ces chaînes mainstream – tels Assane Diouf, Cheikh Oumar Diagne, K Rim Xrum Xax – sont redevenues subitement des invités de marque. Leur seul passeport ? Avoir endossé le costume d’activiste anti-Pastef. La ligne éditoriale est claire : elle est dans l’opposition.
Ousmane Sonko, lorsqu’il était encore dans l’opposition, n’avait pas hésité, dans sa franchise sans concession, à pointer du doigt les véritables centres de pouvoir. Il avait déclaré que le « véritable gouvernement de combat était le patron de la gendarmerie, celui de la police, et une partie de la presse ».
Si les deux premières composantes ont pu connaître des remaniements, la dernière, elle, demeure aux aguets. Elle s’est érigée en véritable chien de garde du système passé, et caresse toujours l’espoir d’une contre-révolution politique pour la restauration de ses anciens privilèges et sa rente de situation.
Que le pouvoir se le tienne pour dit : en tentant de museler cette presse, il ne fait que lui offrir un nouveau statut de martyr, renforçant son récit et son impact. La riposte est une erreur tactique, car elle légitime l’opposition médiatique et dévoile, au grand jour, la fragilité de l’autorité qui prétend gouverner.







